Cordes sur Ciel est une ville médiévale haut perchée
Il est de coutume de parler de Cordes comme d’une forteresse culminant au-dessus des nuages. au pied de la cité, vous entamez l’ascension vers son point culminant. (150m de dénivelé – possibilité d’emprunter le petit train touristique)
Cette ville neuve est édifiée en altitude sur le « puech » de Mordagne, à la jonction du Quercy, de l’albigeois et du Rouergue. C’est un carrefour d’une grande importance à égale distance de Gaillac et Najac, d’Albi et Saint-Antonin.
Les ruelles pavées, les porches, les remparts, les façades sculptées et autres vestiges de l’époque médiévale nous plongent dans une ambiance mystérieuse qui fait tout le charme de cette bastide…pas moins de 18 monuments historiques. On ne manque pas les belles maisons construites au XIVe siècle.
A ne pas manquer lors de votre ascension : le Puits de la Halle, profond de plus de 100m, la Porte des Ormeaux, la Porte de la Jane, la Porte de l’Horloge, et l’Eglise Saint Michel
800 ans entre légende et histoire
L’emplacement initial de Cordes aurait dû se trouver à Saint-Marcel ou à Bournazel, mais les constructions ne tenant pas, un maçon, excédé, aurait jeté son marteau en criant : Aquí ont tombarà, bastirem Còrdas! (Là où il tombera nous bâtirons Cordes !). Le marteau serait retombé à l’emplacement actuel de la cité. Raymond VII, fait ériger Cordes en 1222 pour résister aux troupes du Roi Philippe Auguste, en Croisade contre les Albigeois; Et assure la prospérité de la nouvelle cité.L’Occitanie tout entière reprend espoir après treize longues années de croisade contre les Albigeois.
Raymond VII ne ménage pas ses efforts pour reconstruire son pays dévasté par les croisés venus du nord. Cordes comptera jusqu’à cinq enceintes fortifiées.
Les Albigeois
Rappelons-nous qui étaient les Albigeois : des Chrétiens adeptes d’une nouvelle foi menaçant sérieusement l’Eglise catholique romaine. Ils sont surnommés les « bons hommes » ou les « parfaits ». On les appelle plus tardivement les « Cathares ».
Cette nouvelle religion repose sur l’idée que dieu, infiniment bon, ne peut être à l’origine du mal qui pullule sur terre. Le dogme est donc basé sur le dualisme, une opposition entre Dieu et le monde terrestre qui est le fait du dieu mauvais, Lucifer. Les Cathares aspiraient à une simplicité et un ascétisme dont l’Eglise catholique s’est fortement éloignée.
Cette nouvelle église devient populaire au 12ème siècle et met en place ses propres structures, nomme ses évêques, et remet en cause l’existence même de l’Eglise de Rome. une sérieuse menace pour la papauté et les prélats. Et la croisade menée contre eux par les barons du royaume de France se transforme en guerre de conquête avec à sa tête Simon de Montfort. Il en tire gloire et honneur et devient maître du comté de Toulouse, du duché de Narbonne et des vicomtés de Béziers, Albi et Carcassonne. C’est de cette guerre menée dans le Midi que naquît la ville de Cordes.
Toulouse
Les villes du Midi sont alors très peuplées et très riches.Toulouse est la troisième ville d’Europe après Venise et administrées par les habitants eux-mêmes, qui vont contribuer à un formidable bouleversement socio-économique.
Des consuls ou des « capitouls », élus par les habitants, les gouvernent démocratiquement et finissent par imposer leurs volontés aux seigneurs. La société repose sur cette structure et il n’y avait pas de cloisonnement étanche, puisque le serf peut être facilement émancipé et devenir bourgeois, et le fils de celui-ci peut espérer entrer un jour dans la chevalerie.
On prend l’habitude de se côtoyer, de se connaître, et l’on manifeste plus de compréhension envers ceux qui pensent différemment. Il ne s’agit certes pas de tolérance, mais d’un effort considérable pour essayer de vivre ensemble.
Toutes ces conditions favorisent les échanges tant commerciaux que culturels. La littérature occitane en témoigne, qui est le résultat d’une synthèse entre différentes traditions.
L’âge d’or de Cordes
Cordes atteint son âge d’or à la fin XIIIe et début du XIVe siècle, Après ce sera une série de déclins… pour être aujourd’hui devenue un véritable musée à ciel ouvert ! une des premières bastides érigées dans le Sud-Ouest.
La cité médiévale est construite autour d’une place et non pas d’un lieu saint, à l’instar des autres cités de son époque. La volonté est de privilégier le commerce et l’artisanat. la bastide est devenue l’un des grands sites touristiques de Midi-Pyrénées. La France compte entre 300 et 400 bastides, toutes édifiées entre le XIIIe et le XIVe siècle, en Aquitaine et dans le Languedoc. C’est un emplacement stratégique. Dominant de plus de cent mètres les vallées du Cérou et de son affluent l’Aurosse, un piton rocheux se dresse sur le ciel, en s’étirant d’est en ouest : le puech de Mordagne, couronné de falaises de calcaire blanc.
Le renouveau de Cordes
De cet âge d’or, nous pouvons admirer les somptueuses maisons gothiques, qui font la renommée de Cordes, édifiées par des familles nobles et de riches marchands. les guerres de religion qui suivent provoquent de continuelles alarmes.
Mais la cité fortifiée, considérée comme la plus forte place de l’Albigeois, est très convoitée par les Huguenots. les épidémies de peste épuisent la cité et à la fin du XVIIe siècle, la construction du canal du Midi bouleverse les grands axes commerciaux et entraîne son effondrement commercial. Un sursaut économique de Cordes apparaît dès 1870, avec l’industrie de la broderie mécanique rapportée de Saint-Gall, en Suisse, par le Cordais Albert Gorsse
Et un sursaut artistique ensuite, avec le peintre Yves Brayer et autour de lui un groupe d’artistes repliés à Cordes durant la seconde guerre mondiale. Ce sera l’essor artistique de Cordes
L’Art gothique
Regardez l’Art Gothique !
De somptueuses façades sculptées, 3 maisons suivantes toutes classées Monument Historique :
La Maison du Grand Fauconnier : son nom lui vient des statues en forme de faucon présentes sur sa façade et des scènes de chasse au faucon que l’on retrouve sur ses portes.
Cette maison abrite aujourd’hui le Musée d’Art Moderne et Contemporain.
La Maison du Grand Ecuyer : avec des animaux, des personnages et des êtres fantastiques présents en façade, cette maison possède des motifs d’une précision extrême que le temps n’a pas encore altérée, ce qui la rend unique.
La Maison du Grand Veneur possède 4 étages. Sur sa façade, plusieurs scènes de chasse guettées par de nombreux personnages
Vous remarquerez les nombreuses sculptures qui ornent les maisons de style gothique, représentant des personnages, des animaux, des dragons ou des êtres étonnants, elles font souvent penser à des gargouilles mais n’en sont pas. Si tel avait été le cas, on les retrouverait sous les toits et non sur les façades.
L’art est partout
Plusieurs musées d’art et d’histoire raviront les passionnés. Les Arts du Sucre et du Chocolat : situé dans la Maison Prunet, au sommet de la ville, avec une dégustation de chocolat à la clef. Le Musée d’Art Moderne et Contemporain : situé dans la Maison du Grand Fauconnier, ce musée est un savant mélange de patrimoine architectural et de création artistique. Les œuvres, essentiellement du XXème siècle.
Voir également : le Musée Charles Portal, la Fabrique du Fourmiguier…et de nombreux ateliers de peinture, de gravure ou de poterie,
Dans les années 1950. Durant la seconde guerre mondiale, un groupe d’artistes repliés à Cordes autour du peintre Yves Brayer réveillèrent la cité oubliée et provoquèrent le renouveau artistique.
Albert Camus est depuis longtemps dans le cœur des amoureux de Cordes.
En 1954, après être passé ici, probablement en compagnie de la grande actrice Maria Casarès, il écrit
« On voyage pendant des années, sans trop savoir ce que l’on recherche, on erre dans le bruit, empêtré de désirs ou de repentirs et l’on parvient soudain dans un de ces deux ou trois lieux qui attendent patiemment chacun de nous en ce monde. On y parvient et le cœur se tait, on découvre qu’on est arrivé. Le voyageur qui, de la terrasse de Cordes, regarde la nuit d’été, sait ainsi qu’il n’a pas besoin d’aller plus loin et que, s’il le veut, la beauté ici, jour après jour, l’enlèvera à toute solitude. (……)
Cordes inspire…
Le réalisateur japonnais Miyazaki a été inspiré lors d’une balade à Cordes pour le générique de son dessin-animé “Le château dans le ciel”, sorti en 1986.
C’est en 1993 que le mot «ciel » est accolé au nom du village.
Face au flot des touristes, on se remémore le va et vient des gens lors de l’âge d’or de Cordes
Les marcheurs apprécient ce joyau en fin de journée et au petit matin, seuls sur les pavés. Dans leur sac à dos : des croquants de Cordes aux amandes, souvenir gourmand de cette étape du chemin de Compostelle.
Et je pense aux ouvrages mystiques du peintre surréaliste Jean-Gabriel Jonin, ancien élève de Dali qui s’est établi à Cordes
Cordes est une immense nef qui a traversé le Temps alternant les tempêtes et le calme plat de la prospérité
Tout un univers symbolique
Notons pour le voyage qu’à Vindrac
Fut mis à jour un nombre considérable de sarcophages d’époque mérovingienne.
L’un d’eux, datant du VIe siècle, contient une “defixio”, c’est-à-dire une tablette de malédiction, qui reposait, pliée en trois, à droite de la tête du défunt.
C’est une petite plaque de plomb sur laquelle ont été gravées des lettres en écriture cursive, sans être encore à ce jour déchiffrée
Pour nous envelopper dans le dernier voyage,
Découvrons dans une salle du musée Charles Portal à Cordes, un sarcophage monolithe à double place.
Fait étrange, les deux cuves de ce sarcophage communiquent entre elles par l’intermédiaire de quatorze ouvertures en arc de cercle aménagées dans la paroi centrale.
Liens
Découvrez nos régions
La plage aux Ptérosaures à Prayssac
André Breton à Saint Cirq Lapopie
Cahors et le Pont du Diable
Merci de vous abonner pour nous suivre vers de nouvelles aventures !