Le jura d’hier et d’aujourd’hui est un Petit bout de terre à l’est de la France qui déborde sur les départements voisins du Doubs et de l’Ain et s’étend le long de la frontière entre la France et la Suisse. Une nature préservée, des forêts de sapins, de beaux pâturages offrent une diversité d’un paysage de moyennes montagnes. Mais sachez que le Jura n’a pas que des sapins à montrer.
Le Jura a été et est encore un pays de petites industries de manufacture, de bois, de lunetterie, de petits artisans….. Les Jurassiennes et les Jurassiens avaient et ont toujours une activité après la ferme. Ce sont des travailleurs passionnés.
Un peu d’histoire
Il nous faut remonter dans un temps un peu oublié. Salins est un des plus grands centres industriels d’Europe depuis des siècles. Les sources d’eau très fortement salées sont exploitées depuis l’année 3334 avant Jésus-Christ
Au Moyen Âge, Salins devient un complexe industriel parmi les plus imposants d’Europe et produit 7000 tonnes de sel par an soit 20 tonnes par jour. Bien plus tard sous Napoléon les forges jurassiennes travaillent à plein régime pour armer les troupes. Le chemin de fer fait son apparition. L’horlogerie se développe. A Morez, la fabrication des clous évolue vers celle des lunettes, à Salins s’implante des faïenceries.
Mais près de la moitié de l’industrie se développe dans de petites unités très spécialisées qui coopèrent. La production de fromages et de vins au sein des coopératives fruitières s’ouvrent dans plusieurs villages, les vaches sont nombreuses et produisent beaucoup de lait.
Les industries jurassiennes sont très originales, car leur développement a été le plus souvent la conséquence d’initiatives individuelles. Découvrons alors le parcours et l’oeuvre de ces personnes qui ont fait la renommée du Jura
Louis Vuitton
Un petit Louis Vuitton naît au moulin à eau de Chabouilla près d’Anchay en plein Jura. Il est un enfant d’un fils d’artisan. Son père, meunier et menuisier lui apprend très vite à manier les outils et travailler le bois. Il s’intéresse forcément à cette richesse naturelle qui saupoudre le Jura de son manteau vert. Mais très jeune à 14 ans le voilà déterminé à quitter le foyer familial et prend la route pour Paris, et à pied. Il met deux ans pour atteindre la capitale, presque 400 kms ! Et il faut bien vivre, et, de petits travaux en petits services rendus, il choisit principalement le travail du bois. Il en tire bien sûr une expérience qui va lui servir bientôt
Louis Vuitton arrive à Paris à la fin de l’année 1835. Commence ici une histoire qui va faire le tour du monde. Il entre dans l’atelier de Monsieur Maréchal, un layetier-emballeur-malletier, un métier qui consistait à emballer les nombreuses affaires de voyageurs fortunés et il réalise des coffres de voyages. Bien sûr on connaît tous la suite de cette fabuleuse histoire !
Restons dans le luxe et domaine des pierres précieuses avec les lapidaires du pays de Gex
Les Lapidaires
Proche de Genève, des lieux de foires célèbres et du commerce s’installent et s’entourent dès le XV siècle de ses artisans les plus compétents. Les apprentis se forment au travail de la pierre précieuse et deviennent des pros de la pierre. Michaud est le premier lapidaire jurassien et débute son travail en 1735 près de Septmoncel, il est très vite imité et tous ces lapidaires travaillent pour les plus grands joailliers. On taille d’abord le verre ordinaire, puis vient vers 1750, le strass. On progresse vite, et on entreprend la taille des pierres précieuses, très en vogue au cours du 19ème siècle
Au début du 20ème siècle, la technique de taille est au point et on peut produire jusqu’à 300 pierres à la fois et avec l’apparition de la pierre synthétique, composée d’alumine et d’oxydes colorants, on contribue à baisser la valeur des pierres naturelles. On taille encore de nos jours, les pierres fines naturelles comme le topaze et améthyste l’émeraude, le rubis, le saphir et les imitations tel le strass, le simili-diamant qui ornent tous les cous et les habits de nos jeunes filles modernes. L’industrie de luxe de Paris, la bijouterie et la mode raffolent de l’industrie jurassienne d’une très grande renommée et s’approprie aussi la paire de lunettes dans leur panoplie
La Lunetterie
Effectivement, c’est à Morez, dans le Haut-Jura, que la lunetterie se développe au 19e siècle précisément au 18 av du général de gaulle. Le travail du métal est une spécialité des artisans de la région depuis le 16e siècle. En 1796, un maître cloutier du nom de Pierre Hyacinthe Caseaux conçoit une première monture en fil de fer. On produit très vite avec 13 ouvriers 3600 lunettes par an qu’on vend en France et en Suisse. Après deux siècles de puissance remarquable, la ville décline mais la mémoire des Jurassiens ne défaille jamais et ni le tandem Jura / Paris
Georges Lissac, un enfant de Morez, ouvre en 1938, le premier « mégastore » optique, Rue de Rivoli à Paris. Il fonde les marques Amor (Optique) et Sol-Amor (Solaires), crée le premier verre amortissant (AMOR) en 1948 et le verre incassable, toujours présent dans la gamme ESSILOR. Dans le film « A Bout de Souffle », Jean Paul Belmondo porte le modèle « AMOR A ».
Le Jura résiste jusqu’au bout. Mais ce regain d’intérêt nécessite d’avoir une main-d’oeuvre qualifiée, et donc d’encourager les jeunes à choisir ces métiers.
Le plastique
Et de l’autre côté du jura, à Oyonnax, on fabrique le peigne en matière plastique pour se faire beau devant le miroir
Mais ce sont aussi les nécessaires de toilette, les jouets en celluloïd et toutes sortes d’objets de fantaisie et de parure comme les bracelets, bagues, boutons, pendentifs, boucles de manteaux et de chaussures, étuis de toutes sortes
Prenons de la hauteur et découvrons d’ autres fabrications jurassiennes qui malheureusement disparaissent
La Layetterie
En 1947 la famille Benoit- Gonin décide de fabriquer des commodes appelées layetteries; mots à double sens car on pouvait ranger dans les tiroirs les petites pièces tels que boutons, vis, doses homéopathiques, médicaments et autres
Cette layeterie a fermé et pas de repreneur au triste désarroi du jurassien. Poussons jusqu’à Bois d’Amont au musée de la Boisellerie. Le Musée de la Boissellerie retrace cette histoire. Bâti sur une ancienne scierie, arrêtée en 1950, il possède, une turbine Pelton et une machine à vapeur qui actionne la scierie et la boissellerie : on peut voir tout le matériel en fonctionnement.
Partez à la rencontre des hauts-jurassiens qui ont ainsi exploité toutes les qualités du bois et vous en livrent quelques secrets en ces lieux remplis d’histoires. C’est actuellement essentiellement une production de boîtes rondes en lamelles de sapin découpées à la scie, collées ou clouées destinées à la pharmacie.
Les fonderies de cloche
Dirigeons nous vers l’une des dernières fonderies de cloches de bronze Charles Obertino à Labergement Ste Marie; c’est en 1834 que fut fondée la fabrique actuelle. L’atelier lors des visites permet de voir la naissance d’une cloche. Vivre une coulée et vivre la magie du démoulage, c’est un univers fascinant, un moment qui restera inoubliable.
L’horlogerie
Les sursauts de l’histoire font l’économie du Jura. l’industrie horlogère nait dans le Doubs, du Val de Morteau jusqu’à Maîche, puis à partir de Besançon, rayonne vers la montagne. Et toujours la disponibilité et le savoir-faire des populations locales contribuent au succès. Mais une bonne partie de l’industrie horlogère disparaît sans avoir pu intégrer le mouvement électrique tout d’abord, puis la technique du quartz. Le point de rupture se situe entre la fin des années 60 et la fin des années 70 quand le quartz se généralise et la concurrence asiatique monte en puissance.
Du côté suisse, on prend le tournant très tôt de la montre à quartz objet de recherche depuis 1930 et aujourd’hui des montres de luxe de très haut de gamme. Mais les jurassiens résistent bien dans l’ébauche de montres, cadrans, aiguilles, spiraux, pignons, balanciers et la décoration (ciselure, joaillerie, incrustation, gravure, placage,patine,) se faisant à Besançon et à Paris. Les horloges comtoises de parquet posée au sol et de pendule posée sur un meuble sont connues sous des appellations comme “la Morez….la Morbier….et la Comtoise à partir de la fin du XVII siècle. Elles ont rythmé le temps et encore à ce jour et sont exportés vers d’autres pays; objets de collection et de haute précision
La gastronomie
Les industries jurassiennes ont fait régner sur les hauts plateaux une très grande prospérité. L’industrie protégé la montagne. Cela fait du Jura une région privilégiée. Et on constate l’apparence cossue des villages et le bien-être calme et modeste des habitants. Le Jura a retenu les gens au pays. On vient y goûter le bon lait, les fromages, les vins, les volailles, reconnues par des certifications et des labels. Et on a le choix pour y séjourner au cœur du département, dans le Pays des Lacs, de Moirans-en-Montagne à Champagnole. Ou dans le territoire des Hauts-de-Bienne au sein du parc naturel régional du Haut-Jura. Ah ! Poligny, les vins d’Arbois !!!
Belle découverte !
liens
Musée Lapidaire – Collection Archéologique du Musée Calvet (musee-lapidaire.org)
Accueil – Musée de la boissellerie (museedelaboissellerie.com)
musée du temps de Besançon | Histoire et horlogerie (besancon.fr)
Le Musée de la lunette à Morez(39) – Jura – Franche comté (musee-lunette.fr)
Musee de l’Absinthe – Auvers sur Oise (musee-absinthe.com)
www.musee-du-jouet.com
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