
le phare de Tevennec
On se persuadait encore, il y a peu d’années, que des êtres coupables, métamorphosés en barbet noir, étaient menés jusqu’à braspars, les rochers. Le curé confiait le chien noir à son valet qui le conduisait dans un lieu retiré. Le chien disparaissait en ce moment, la terre au loin tremblait ; des feux s’élevaient du sein des rochers. Le ciel, couvert d’affreux nuages, fondait en grêle ; le tonnerre grondait…
Autrefois, au Cap-Sizun, on conduisait au récif de Tévennec, dans le Raz de Sein, tous les conjurés de la région. Il y avait une barque spéciale affectée à leur transport. Et ce sont eux, paraît-il, que dans les nuits de tempête, on entend pousser des iou ! lamentables, au loin, dans la mer
Aujourd’hui les hommes ont construit un phare au Tévennec pour les rassurer
Il se raconte toujours devant la cheminée qu’une nuit, un des gardiens, profilant de ce qu’il n’était pas de service, était descendu pêcher à la ligne sur le bord du rocher.
Tout à coup, il se sentit rudoyé par une main invisible, tandis qu’une voix en colère disait :
– Kerz deuz va flas ! Retire-toi de ma place !
C’était un conjuré que sa présence dérangeait.
A la pointe du RAZ, juste au moment de la remise à zéro de notre existence, entre paradis et purgatoire, ce phare est peut-être un appel à l’aide ?
Construit en 1875, le phare de Tévennec oblige ses gardiens à y vivre en permanence. Bon nombre d’entre eux sont devenus fous, effrayés par les étranges sifflements et hurlements des lieux. En 1891, le vice-président de la Société archéologique du Finistère, Hyacinthe Le Carguet, évoquait déjà les étranges histoires qui planaient sur le phare de Tévennec.
« Le jour, pendant la construction, au-dessus des travailleurs tournoyaient les oiseaux de mer, surpris d’y voir des êtres vivants, eux-mêmes qui ne pouvaient s’y poser, à cause des morts !
Par leurs cris : “kers-kuit, va-t’en”, ils semblaient prévenir les travailleurs des dangers qui les menaçaient.
La nuit, c’étaient des bruits de gens qui se querellaient, se battaient ; on aurait dit tout bouleversé ; le couvercle de la citerne, surtout, déjeté de côté et d’autre.
Des vieillards parcouraient la roche et le bâtiment.
Des croix se dressaient et s’abattaient ; des gens s’y suspendaient.
Au jour, tout était en ordre.
Pour faire cesser le bruit et les apparitions, on fut obligé d’ériger, sur le roc, une croix en pierre
Il a fallu sept ans d’un travail qui touchait au miracle pour ériger le phare maudit. Il a fallu étudier la roche que chaque houle rinçait, en découvrir les fissures, la décaper à l’acide, la forer pour la hérisser de barres de scellement. Un courant de quatorze kilomètres à l’heure s’ajoutait au ressac de la mer du large.
Puis il fallut mater la roche sous un cube de granit et de béton que des « épingles » de bronze rendent solidaires. Et là-dessus ériger peu à peu la tour, sans se démoraliser si la tempête emportait en une nuit l’ouvrage, si les fondations se lézardaient sous le bélier des vagues, si une lame de fond submergeait l’équipe des travailleurs agrippés sur ce chantier exigu
Les tempêtes de 1911 et de 1915 le cisaillèrent en partie à sa base et manquèrent de le renverser comme une quille, avec son optique et ses gardiens, On a cuirassé le soubassement, haussé et corseté d’acier la plate-forme. Mais la mer ne se lasse pas.
De temps en temps, elle crève la cuirasse. Il faut se remettre au travail.
Le phare devint maudit. Une pluie de témoignages effrayants. On a recueilli le témoignage étonnant d’Henri Porsmoguer, le premier gardien du phare de Tévennec :
Ecoutez !
« Né à l’île de Sein, je connais les récits lugubres qui courent sur Tévennec. Un marin avait réussi après un naufrage à se réfugier pendant quatre jours sur le rocher en ne cessant d’appeler à l’aide, mais l’état de la mer ne permettait pas de lui porter secours. Au bout de quatre journées d’agonie, il décéda sur le rocher, mais son âme continua de hanter la place où il était mort et, après la construction du phare, le sentiment général fut que l’on y avait enfermé son esprit.
Après bien des déboires, j’invite cet esprit à descendre boire un verre avec moi. Mal m’en prit car le fantôme du défunt s’offusque et me rosse !
Le lendemain, je m’étonnai de ne pas me réveiller avec des cheveux blancs, et, je donnais ma démission. »
L’îlot était hanté : un prêtre fut requis pour l’exorciser. Rien n’y fit, même pas le remplacement du gardien solitaire par un ménage de solides chrétiens : le gardien Milliner fut trouvé mort dans son lit
La famille Quéméré y vécut à la suite avec leurs trois enfants et témoigna de portes qui s’ouvraient et se fermaient régulièrement et du bruit terrible, comme un bombardement sourd, qu’on pouvait entendre le jour comme la nuit.
Le gardien Ropartz, qui lui succéda, vit son père raflé sous ses yeux par une lame et de surcroît, quand sa femme fut près de son terme, une tornade vint interdire toute communication avec le continent et l’enfant mourut.
Lassées de tous ces drames, les autorités décidèrent d’automatiser ce phare, ce fut fait le 7 février 1910.
Tévennec est rendu aux âmes errantes
Mais ceux et celles qui sont de l’île de Sein, et qui savent bien ce qui s’y passe, tout comme aux alentours du Raz, au Pont-des-Chats, à Tevennec, à la Vieille, ces endroits sont habités par les invisibles.
Car personne n’ignore, à Sein, le danger qu’il y a aussi à rencontrer la nuit, aux abords de l’île, principalement entre le Pont-des-Chats et la roche Tévennec, un de ces bateaux qui n’a d’autre équipage qu’une femme toute seule. On est sûr que ceux-là, ce sont les Bateaux-des-Sorcières…
Ce sont des veuves de l’île de Sein, seulement certaines qu’on ne sait pas au juste, qui montent ces embarcations fatales, et nos îliens assurent que celles-là ont le mauvais oeil. Il n’y a pas plus redouté que leur rencontre, vu que ça tourne presque toujours à mal
Pour ceux à qui ce malheur arrive. Personne n’oserait, de son plein gré, les aborder car, dans ce cas, la sorcière confie au patron, qui seul la voit, un secret, toujours terrible, un secret de mort.https://letourismerevisite.fr/go/t-o-odt-veb
S’il parle de cette rencontre, que cependant pas un de ses hommes n’a pu remarquer, s’il dévoile, si peu que ce soit, ce secret, lui et son équipage sont fatalement engloutis la première fois qu’ils prennent la mer
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Liens externes
Le phare de Tévennec, un lieu hanté et maudit ! – Breizh-Blog
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