Connaissez vous la maison Picassiette à Chartres? Alors n’hésitez plus à franchir l’entrée de cette maison, un exemple remarquable d’architecture naïve. Elle a été construite et décorée par Raymond Isidore surnommé “Picassiette” https://letourismerevisite.fr/go/chartres-tourisme
Elle est d’abord appelée Maison du “pique-assiette”, pourquoi ? Petite référence à un autre grand artiste : Picasso.
Raymond Isidore
Raymond est né en 1900 , il a plusieurs métiers : ouvrier mouleur en fonderie, cantonnier à la ville de Chartres et balayeur. En 1929, il achète le terrain sur lequel sera bâtie cette maison avec sa femme. Il construit lui-même son habitation composée de 3 pièces dans un premier temps et agrandie par la suite. C’est au cours de ce chantier qu’Isidore s’est trouvé un intérêt pour la mosaïque en posant un carrelage multicolore.
Une décoration hétéroclite
Dès les premiers pas, entrez dans un lieu où l’imaginaire a tous les droits… À partir de 1938, il s’est mis à décorer l’ensemble de la maison y compris les éléments du mobilier. Lits, chaises et même machine à coudre, tout y est passé. La maison tire son nom des matériaux utilisés par Isidore; des morceaux de vaisselle brisée et de verre qu’il récupérait dans les décharges locales. Il a passé 29000 heures à créer des mosaIques élaborées, utilisant au moins 15000 tonnes de débris pour couvrir l’intérieur de la maison, ainsi que les meubles et le jardin. C’est une œuvre à la croisée des chemins entre art naïf et art brut. Recouverte de mosaïques du sol au plafond, jusque dans le jardin, ce lieu est fascinant et nous fait entrer dans l’intimité de la vie d’un homme passionné.
Une Maison avec des débris de porcelaine
Il dit lui même : « J’ai d’abord construit ma maison pour nous abriter. La maison achevée, je me promène dans les champs quand je vois par hasard, des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramasse sans intention précise, pour leurs couleurs et leur scintillement. je trie le bon, jette le mauvais. Je les mets dans un coin de mon jardin. Alors l’idée me vint d’en faire une mosaïque, pour décorer ma maison. Au début je n’envisage qu’une décoration partielle, se limitant aux murs. »
Chaque jour, il parcourt des kilomètres à la recherche de débris, il devient le pique-assiette. Son personnage devient fameux, parfois raillé. Pour créer ses décors, il s’inspire de ses rêves. Il travaille à ses créations le jour et quand vient la nuit, à la lumière d’une lampe torche. D’abord dédaigné par ceux qui le connaissaient, parfois littéralement pris pour un fou, Raymond Isidore a cependant de son vivant la satisfaction de voir son travail reconnu. Il fait d’abord visiter sa maison avec plaisir. En 1956, il entreprend de nouvelles constructions derrière sa maison : une chapelle, une maison d’été ; il achète une parcelle de terrain limitrophe et décore son jardin.
La Chapelle
La chapelle est édifiée entre 1953 et 1956. Sa décoration fait référence en particulier à la religion chrétienne : croix, églises, madones, Jérusalem – mais des scènes rurales sont aussi visibles. La cour noire, couleur choisie pour représenter la vie terrestre. Cet espace à ciel ouvert fait la part belle la cathédrale : une de pierre en 3 dimensions repose sur le tombeau noir recouvert de mosaïques et au faîte du mur, une représentation surplombant la ville de Chartres. Des niches aménagées dans le mur laissent voir églises et cathédrales. Un trône noir, est orienté vers le tombeau. La maison d’été est construite en même temps que la chapelle, pour agrandir la partie habitation. A l’intérieur, les murs sont recouverts de peintures maladroites. La partie extérieure, le passage étroit, comporte sur ses murs de belles scènes (l’Annonciation) et un cerf entourés de nombreux visages féminins.
La Porte
Ce passage nous guide vers une porte peinte d’oiseaux en vol et encadrée de deux piliers ornés chacun de huit animaux familiers, on la nomme la Porte du Paradis. Elle ouvre sur un passage couvert égayé de peintures drôles et surprenantes. À la sortie de cet espace, une porte donne accès au Jardin du Paradis qui comprend deux zones : la statueraie qui s’étend jusqu’au mur de clôture : lieu de promenade, il faut emprunter le petit chemin qui circule entre de beaux parterres de fleurs animés par des sculptures. Le parvis de Jérusalem : jardin à la française s’organisant autour d’un bassin, il amène le visiteur vers le trône bleu. Derrière lui en hauteur se trouve la représentation de la ville de Jérusalem.
Le Tombeau de l’esprit
En 1962, il construit le tombeau de l’esprit, son ultime réalisation. Enfin, derrière le mur de Jérusalem, apparaît Le tombeau de l’esprit : ce tombeau de couleur bleue, symbolisant l’espace céleste en opposition avec le trône noir, offre de très belles mosaïques et des inscriptions pieuses. Bâti en 1962, ce sera son ultime création. Les mosaîques de la Maison sont riches en symboles et références variées : Pour la nature, des motifs fleuraux comme la fleur étoile, des oiseaux et des papillons pour la la culture populaire, des personnages comme Landru, La Joconde et des scènes de contes comme le palais des mille et une nuit et pour la vie quotidienne, des tables, des vases et tous objets. On peut dire que ces éléments reflètent l’imaginaire poétique et spirituel d’Isidore ! Après 24 ans d’un travail de titan et de créativité, son œuvre est enfin achevée. En 1964, il connaît de nouveau de nouveaux problèmes de santé et le 6 septembre de la même année, il est retrouvé hagard au bord d’une route, il succombe au matin, âgé de 64 ans.
Un Musée
La Ville de Chartres fait l’acquisition de la Maison Picassiette en 1981, et enrichit ainsi son patrimoine d’un chef d’œuvre d’art brut. La procédure d’acquisition aboutit au classement de la maison parmi les monuments historiques en novembre 1983. En 2017, le site reçoit le label architectural Patrimoine du XXe siècle du ministère de la Culture. Petits et grands vous serez enthousiasmés et émerveillés par cette visite et serez attentifs à chaque recoin de la maison où surgissent des animaux, des fleurs des édifices, des visages. Un grand merci à Raymond Isidore pour la création de ce lieu insolite
Lien
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https://www.chartres.fr/patrimoine-historique/maison-picassiette-raymond-isidore
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