Les Bouquinistes des quais de Seine défendent depuis longtemps leur tradition. Sur la rive droite du Pont Marie au quai du Louvre et sur la rive gauche, du quai de la Tournelle au quai Voltaire
Plus de 200 bouquinistes gèrent près de 900 boîtes sur les quais de Seine et proposent près de 300 000 livres, ainsi qu’un grand nombre d’estampes, revues, cartes de collection, etc. Ils font ainsi partie du décor parisien depuis près de cinq siècles.
Complémentaires des libraires, ils vendent des livres d’occasion ou anciens, sur les quais et ont développé depuis la fin du XIV siècle, autour du Pont Neuf et des quais maçonnés des deux rives, un savoir faire caractérisé par des multiples spécificités: ouverture quotidienne, avec présence soutenues les jours fériés, les fins de semaine, vacances;
On ne devient pas vraiment bouquiniste du jour au lendemain; le plus souvent on grandit au milieu des livres et on est toujours intéressé par la lecture.
Entre un libraire et un bouquiniste, les différences sont fondamentales.
Les uns travaillent à ciel ouvert et sous intempéries, les autres dans une ambiance plus feutrée et un bon éclairage!
Le bouquiniste voit son trottoir emprunté par la transhumance d’innombrables passants et dénués de tout confort
En boutique tout est sous la main!
Se lier avec un bouquiniste est assez aisé; il va savoir transmettre et partager ses connaissances; savoir identifier les papiers, reconnaître la qualité d’une reliure, la beauté d’une typographie, distinguer une dédicace authentique ou douteuse, cela arrive! on constate dans les familles de bouquinistes que la relève tend à s’affaiblir
Au fil de ces relations humaines simplement d’échanges, d’idées et de savoirs beaucoup de clients deviennent des fidèles. Ce qui plaît c’est un sentiment de liberté, travailler en plein air, dans un beau quartier c’est un privilège!
Des touristes disent que supprimer les bouquinistes serait comme de retirer la Tour Eiffel!!! Ces bouquinistes sont des bouquets de fleurs au bord de la Seine! et des bouquets de culture! Ils sont soumis à des règles strictes et si on supprime une boite, pour eux du côté financier ils y perdent….
La reconnaissance publique est les Quais de Seine où s’exerce cette activité, inscrite en décembre 1991 sur la liste du patrimoine mondial, inaugurée par la convention Unesco de 1972 comme paysage culturel et naturel
Lettre par lettre, mot par mot, remontez le fil de l’histoire des bouquinistes et de la plus grande librairie à ciel ouvert de Paris. Et puis partez à leur rencontre, passion et expertise seront au rendez-vous.
A l’origine des bouquinistes, il y a le mot bouquin, forme familière de livre. Imprimé pour la première fois en 1459, il est nommé alors « boucquain » et devient « bouquin » vers la fin du XVIe. Il est issu du mot flamand « boeckin » signifiant petit livre (au sens de livre de peu de valeur ou peu estimé), dérivé lui-même du moyen néerlandais médiéval « boek » : livre.
En 1866, les bouquinistes font intervenir Paul Lacroix, plus connu dans l’univers de l’érudition et de la bibliophilie sous le pseudonyme du Bibliophile Jacob (ou P. L. Jacob) auprès de l’empereur Napoléon III. Sa mission est de le persuader de faire renoncer le baron Haussmann à son idée de leur faire quitter les rives de la Seine.
Le bouquiniste est bien plus qu’un « ouvre-boite », appellation qui désigne les salariés des bouquinistes qui ne sont pas vraiment du métier.
Néanmoins, la boîte, si caractéristique de la profession, est au cœur du métier et a évolué au fil du temps. Les boîtes actuelles sont officialisées en 1891, lorsqu’un arrêté municipal autorise les bouquinistes à laisser leur marchandise la nuit sur le lieu de vente qui leur est concédé.
Jusque-là, les livres étaient proposés dans de petites caisses en bois manipulables facilement.
Vers 1900, il est requis que les boîtes doivent toutes être de la même couleur dite « vert wagon », à l’image du premier métropolitain, des fontaines Wallace et des colonnes Morris. Par ailleurs, le couvercle relevé ne doit pas dépasser une certaine hauteur au-dessus du sol, afin de ne pas boucher la vue.
Dès le XVIe siècle, les ancêtres des bouquinistes, colporteurs et « estaleurs » sont à l’oeuvre. Le colporteur vend ses livres dans un panier porté au col ou en bandoulière.
L’estaleur plus sédentaire vend des livres présentés sur des tréteaux ou à même le sol sur une toile et exerce son métier sur les quelques quais alors maçonnés – quai des Grands-Augustins, incluant celui de Conti, pour la rive gauche et quais de Gesvres et de la Mégisserie pour la rive droite – et, à partir de son achèvement en 1606, sur le pont Neuf.
Mais en 1649, sous la pression des libraires, un règlement interdit l’étalage de livres sur le pont. C’est aussi là que se vendait le plus de pamphlets politiques et religieux et autres gazettes à scandales…
L’Association culturelle des bouquinistes de Paris (ACBP) à la tête de laquelle on retrouve Jérôme Callais est une association créée en 2009. C’est la seule association de promotion et de valorisation des bouquinistes des quais de Paris aujourd’hui active.
Les bouquinistes ne payent ni taxe ni loyer mais doivent respecter un règlement strict concernant leur commerce. Les emplacements vacants sont attribués et réglementés par la Ville de Paris.
Les autorisations d’occupation sont d’une durée de 5 ans. Les bouquinistes doivent ouvrir leur emplacement au moins quatre jours par semaine sauf intempéries. C’est au bouquiniste d’entretenir les quatre boîtes qu’il peut exploiter.
Le seul commerce autorisé est celui des vieux livres, livres d’occasion, vieux papiers, gravures. Accessoirement et à l’intérieur d’une seule boîte, il peut vendre des monnaies, des médailles, des timbres anciens, des cartes postales, des objets de petites brocantes ou des souvenirs de Paris.
On peut ici rappeler que le credo du bouquiniste qui « est et doit rester fondamentalement un libraire.
Grâce à cette implantation en plein air, ils offrent un accès immédiat à la littérature francophone et la culture en général, à des millions de passants, de touristes. Leurs compétences sont historiques, culturelles et aussi le goût du partage. Ils sont issus pour la plupart de la petite ou moyenne bourgeoisie et ont un niveau d’instruction assez élevé; ils ont exercé d’autres métiers avant! (enseignement, libraire, journaliste, bibliothèque…..
Ils résident plutôt sur Paris et la moyenne d’âge est élevée. On devient bouquiniste par passion, car les conditions de travail sont plutôt précaires. Ils sont ainsi souvent des experts dans leurs domaines.
On trouve par exemple des spécialistes du roman policier, de la bande dessinée, de la science fiction, des arts culinaires mais aussi des arts du livre, de la philosophie, de l’histoire ou des affiches anciennes.
C’est donc à une rencontre avec de vraies personnalités que sont invités ceux qui déambulent le long des boîtes et la discussion avec les bouquinistes est souvent passionnante.
Pour sa collection automne-hiver 2018-2019, Karl Lagerfeld (1933-2019), directeur artistique de la maison Chanel et grand amateur de littérature, fait reconstituer sous la verrière du Grand Palais, cadre habituel de ses défilés, la façade de l’Académie française et sa fameuse coupole.
Des stands de bouquinistes sont aussi créés, le long desquels défilent les mannequins. Les tailleurs sont gris comme l’asphalte ou les toits en zinc et le final fait apparaître une mariée « académicienne » vêtue d’une veste et d’une longue jupe fendue couleur vert d’eau et ornée de broderies de feuilles d’olivier
La définition que donnait Savary du bouquiniste: “Pauvres libraires qui n’ayant pas le moyen de tenir boutique, ni de vendre du neuf, estaloyent de vieux livres sur le Pont-Neuf, le long des quais et en quelques autres endroits de la ville…” a quelque peu changé. Aujourd’hui, femmes et hommes de tous les âges vivent leur passion des ouvrages et de la belle lecture au bord de la Seine. Ils ouvrent leurs boîtes vertes chaque jour du lever jusqu’au coucher du soleil et ont tous pour souhait de pouvoir continuer à promouvoir la culture française.
Ils “font partie du paysage parisien, participent du charme des bords de Seine et constituent une animation, une attraction culturelle, un patrimoine littéraire et historique unique que la Ville souhaite préserver et mettre en valeur
Lors de l’exposition universelle de 1900, on dénombre déjà 200 bouquinistes sur les quais de la Seine. Paris était ainsi précurseur d’animations et d’expositions du livre en plein air. Tokyo, Montréal, Québec, Ottawa, Pékin et bien d’autres villes se sont inspirées de ce modèle.
Exercer comme bouquiniste, c’est avant tout savoir constituer son stock; il fréquente les foires, les salons, les vides greniers, où il apprend beaucoup
Ils doivent opérer une sélection par rapport aux sujets qu’ils souhaitent proposer dans leurs boîtes, à la qualité des ouvrages ou oeuvres graphiques et à leur teneur en contenu
Il est important de rester ouvert le midi car beaucoup de personnes viennent faire leur promenade sur les quais!
Le plus important est l’étalage; de la qualité de présentation et du choix d’ouvrages en façade dépendent des ventes. C’est capital
Dans cette sorte de grande vitrine, entièrement à la vue des passants, se reflète l’âme des bouquinistes
Cette boîte, une sorte de miroir, laisse deviner une bonne part de la personnalité du bouquiniste!
Il faut savoir s’adapter à une clientèle spécifique, avec plusieurs aspects tel que le côté financier important et d’où des prix pas trop élevés…
.il serait bon que le bouquiniste ait lu le ou les livres car des clients posent les questions et peuvent rechercher d’autres ouvrages sur les mêmes thèmes
Tout autour des bouquinistes s’est établie une complicité, des amitiés avec les riverains, un authentique tissu humain, élément primordial de l’activité.
Ils représentent le dernier petit métier de rue parisien exercé en plein air; l’étalage est pittoresque; les flâneurs déambulent d’une boîte à l’autre….
Ils sont aussi source d’expression artistique avec les peintres qui posent leur chevalet pour une toile! les photographies aussi….chiner signifie trouver….
Une bonne chine est une bonne trouvaille
Bravo à tous ces bouquinistes sur les quais de Seine, sans eux plus de vie !
Je pense que vous n’êtes pas insensible à la nouvelle amère de la Préfecture de police de Paris, de faire retirer les boîtes vertes en raison des Jeux olympiques à ces bouquinistes qui sont un emblème incontournable de la capitale
cela suscite une colère vive et une inquiétude sur le manque à gagner!
Peut t’on imaginer faire les jeux sans une partie de Paris?
En tout, environ 570 boîtes seront concernées par le retrait, soit 59% d’entre elles, a confirmé la mairie jeudi par voie de communiqué. D’après la préfecture de police, cette décision se base sur le risque sécuritaire que représentent les boîtes des bouquinistes en période de grande affluence, et relève la gêne qu’elles occasionnent pour admirer la cérémonie d’ouverture.
“Est-ce qu’on aurait déplacé la Tour Eiffel si elle gênait la vue ?”,
la municipalité “apporte son soutien aux professionnels concernés en proposant la prise en charge de l’enlèvement et de la repose de ces boîtes, ainsi que leur rénovation”.
De quoi contribuer “à appuyer la candidature des bouquinistes des quais de Seine au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco”. La Ville propose aussi aux bouquinistes qui le souhaitent de se réunir lors d’un “Village des Bouquinistes” dans un quartier littéraire proche de la Seine.
On peut comprendre les déceptions de ces bouquinistes, proches de la retraite et qui ne souhaitent pas tourner la page.
Entre nous ces boîtes ne vont pas nuire au paysage et bien au contraire;
Je suis moi même très triste et ce sujet me tient à cœur et votre avis à tous qui nous suivez est important!
On ne doit pas toucher à ces bouquinistes qui sont dans le paysage parisien et qui ne gênent absolument pas le parcours mais l’agrémentent comme maintenant!
Merci pour eux!
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