Fondé par un Italien de Palerme – Francesco Procopio dei Coltelli -, Le Procop ouvre en 1686. C’est le premier endroit de Paris où l’on peut déguster un café assis et lire la presse tranquillement.
Il est alors l’un des plus célèbres de la capitale, il ferme définitivement en 1890 pour rouvrir en 1957 sous son nom historique et devient un restaurant, qui est toujours en activité.
C’est un lieu de mémoire qui a conservé des marques du passage d’hôtes illustres. Denis Diderot, Frédéric Chopin, Jean-Paul Marat, Jean-Jacques Rousseau et la Fontaine ou Benjamin Franklin. C’est le premier endroit de Paris où l’on peut déguster un café assis et lire la presse tranquillement. La Fontaine, Racine, Regnard s’ attablent à la bougie des chandelles. Puis le mouvement littéraire des Lumières y prend ses quartiers. Diderot et d’Alembert lancent ensemble L’Encyclopédie, Beaumarchais Le Mariage de Figaro , Voltaire Œdipe il y possède même son bureau: une table en marbre qui trône encore au 1er étage.
On pousse les portes du “Procope”, en sachant que l’on met un pied dans l’histoire. Sous les lustres en cristal, au milieu des meubles en acajou, les miroirs, les peintures, les bibliothèques de livres anciens et les lambris, 3 siècles d’histoire nous accueillent. Il faut savoir que c’était l’antichambre de la Comédie Française, des Fossés St Germain et du théâtre de l’Odéon. Le Procope c’est la tradition littéraire, politique et intellectuelle du Paris du Siècle des Lumières.
On apprend que Molière et sa troupe de la Comédie Française s’installent en 1689 en face du Procope. Le Procope devient vite le foyer du théâtre, et est le siège des critiques littéraires et théâtraux, des dramaturges, des écrivains et des philosophes. Voltaire dit de ce café, point névralgique de la pensée littéraire, que « seul l’esprit (y) tenait lieu de carton d’invitation »
On y mène alors des réunions d’écrivains, des penseurs, des philosophes, des encyclopédistes et politiques du “Siècle des Lumières” qui ont coutume de s’y retrouver. On pose les bases d’une nouvelle société. Suivront La Fontaine, Anatole France, Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Balzac, Hugo, Verlaine.
Côté politique, on y retrouve Buonaparte alors simple lieutenant, Danton et Robespierre, Marat … mais aussi Benjamin Franklin qui y rédige dit-on une ébauche de la Constitution américaine. C’est aussi au Procope que fut porté, pour la première fois, le bonnet phrygien, symbole de la révolution française.
Au 1er étage, 5 salons privés aux noms évocateurs (salon Franklin, salon Lafayette, salon Diderot…) cela donne l’ambiance. Peut-être serez vous alors tenté par ce salon privé qui affiche, sur ses murs, le texte de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789. De quoi vous sentir, vous aussi, faire partie de l’histoire. Le Procope s’agrandit et propose un salon de café distinct à la décoration raffinée pour se poser de midi à minuit. l’heure du goûter n’est pas loin pour profiter du bon café et de nombreuses gourmandises et glaces très généreuses, des mets salés dans une ambiance des plus cosy! L’art du café s’obtient en utilisant des techniques d’infusion anciennes et modernes, mettant en lumière la richesse aromatique du café.
Les visiteurs peuvent également apprécier l’espresso traditionnel italien, préparé avec soin à partir de grains biologiques. On ne peut pas passer à côté de la Tarte au Café par Christelle Brua, reconnue mondialement pour son talent, ajoute une touche contemporaine à l’offre du salon. Cette création gourmande associe chocolat praliné au café et crémeux au café dans un équilibre parfait de saveurs et de textures. Aussi craquante que craquante avec un cœur chocolat fondant, on se régale.
Les émotions sont fortes. On a l’impression de voir Diderot et d’Alembert rédiger leur fameuse Encyclopédie, selon la légende. Et Musset et Verlaine composer quelques-unes de leurs proses et le “tout-Paris” finit par se retrouver autour des tables du restaurant. Le Procope acquiert le rang du plus grand café littéraire du monde et durant plus de 200 ans,
On s’y bouscule pour se faire un nom. On le fréquente assidûment. Les plus grandes légendes naissent dans ce café.
Les bribes d’Histoire se retrouvent un peu partout dans le décor du Procope : le papier peint datant de 1830 et estampillé «Liberté, Égalité» nous rappelle la naissance de la République, les échanges épistolaires de Corneille à Colbert les grandes amitiés entre hommes de lettres, et la cloche de Marat l’âme de la Révolution Française.
Tout appelle le visiteur aux bons souvenirs de l’Histoire : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 recouvre les murs de l’une de salles, de nombreux documents d’origine évoquant la Révolution sont accrochés aux murs et «Citoyen» «Citoyenne» sont respectivement inscrits sur les portes des toilettes pour hommes et femmes.
L’œil est forcément attiré par cette jolie façade devant laquelle de nombreux touristes s’arrêtent régulièrement : joliment fleurie, dotée de balcons en fer forgé et d’une jolie couleur bleue, la façade du Procope vaut à elle seule le détour !
On ne peut s’empêcher de revivre cette histoire littéraire fantastique quand, le 29 mars 1894, Verlaine donne au café une conférence intitulée Les poètes du Nord. Il y évoque quelques «nordistes» de renom comme Marceline Desbordes-Valmore et Sainte-Beuve. Il annonce la naissance d’un mouvement de contestation de la centralisation parisienne et incite le public à redécouvrir les œuvres et traditions culturelles des provinces et régions françaises.
Longtemps considérée comme perdue, cette huitième et dernière conférence du poète est retrouvée en même temps qu’un poème et deux lettres inédites de Verlaine. Aujourd’hui encore, une citation de Camille Desmoulins habille l’un des murs du café et rappelle son passé révolutionnaire
« Ce café n’est point orné comme les autres de glaces, de dorures et de bustes, mais il est paré du souvenir de Grands Hommes qui l’ont fréquenté et dont les ouvrages en couvriraient les murs s’ils y étaient rangés. »
Les grands auteurs du 19ème siècle s’emparent des lieux. George Sand, Alfred de Musset, ou encore Théophile Gautier sont des habitués
A l’époque, il faut savoir que le Quartier latin de Paris ne comprend que quelques rues autour de la Sorbonne, fréquentées par des professeurs et des étudiants qui s’expriment en latin, la langue savante de l’époque. Aujourd’hui,c’est une grande partie du Ve arrondissement et une partie de l’ouest du VIe avec le siège historique de l’université de la Sorbonne, des écoles, des académies et des librairies. Verlaine aurait aimé une reconnaissance officielle, et être admis à l’Académie française.
Gravement clivée, sa personnalité l’en empêche. L’homme qui a voulu voir son génie couronné est celui-là même qui sortait du Procope, le front haut et l’œil lubrique, l’esprit embué par l’absinthe, le pas incertain, presque incapable de retrouver le chemin de la rue Descartes.
N’y a t il pas un lien à faire entre Verlaine, le Procope et l’absinthe? et le quartier latin ? Cette liqueur a marqué toute cette époque. Elle commence à se répandre vers 1830, au retour des premiers soldats partis à la conquête de l’Algérie. On dit qu’un peu d’absinthe diluée dans de l’eau les ont protégés du typhus, du choléra et des dysenteries. En France, l’étrange boisson au goût amer d’anis devient presque un rite social. On l’appelle le « péril vert », « la fée verte » ou encore « la sirène aux yeux verts ». Comme chacun sait, c’est un apéritif très aromatique qui monte vite à la tête, provoquant une agréable sensation de vertige et d’éloignement de la réalité.
Voltaire n’est pas le seul à vanter Le Procop ; Montesquieu y fait référence dans la 36e des Lettres persanes : “Il y en a une (maison) où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré.”
Le hall est orné d’un bel escalier et le sol y est pavé de carreaux blancs et noirs et invite à monter. Il cache à demi le bar qui est un bar d’envoi plus que de cocktail. Mais il possède lui aussi une charge émotive avec le tableau du fondateur. Les lieux sont restés le plus authentique possible
On peut lire sur un mur du Salon Chopin : “C’est une folie à nulle autre seconde, de vouloir se mêler de corriger le monde extrait du Misanthrope de Molière”
Ou plus politique dans un moment fort de l’histoire “Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes, Mirabeau à l’Assemblée Constituante le 23 juin 1789)
Dans le Salon Diderot, sur la première poutre, “Les sensations ne sont rien que ce que le coeur les fait être, Le Faux est susceptible d’une infinité de combinaisons, mais la Vérité n’a qu’une manière d’être Rousseau
Soldats, je suis content de vous ! (Napoléon 2 décembre 1805)
Depuis 1686, le plus ancien Café de Paris continue à faire vibrer le cœur du quartier Saint-Germain. Aujourd’hui Amélie Nothomb, Marc Dugain, Éric-Emmanuel Schmitt ou encore Bernard Werber y tiennent table. Les salons privatifs du Procop invitent à des réunions ou séminaires. Mais on dit que les banquettes du Procop et tables sont restées à l’identique depuis l’origine, où Voltaire, Diderot, Marat, Chopin, Rousseau, La Fontaine ou Benjamin Franklin se sont assis. Les murs rouges et jaunes sont chargés d’histoire, c’est un musée. Alors si vous flânez vers St Germain des Prés, poussez la porte,
Vous serez ébloui par le charme et le concentré d’histoire des lieux.
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