C’est la maison de Tante Léonie avec son jardin fleuri et la chambre du petit Marcel Proust qui y passait ses vacances entre 1877 et 1880 et bien sûr la cuisine et la fameuse salle à manger. La maison est dans le style de la région à Illiers-Combray dans l’eure et loir, façades enduites et recouvertes de faïence
C’est la maison de son oncle Jules et sa tante Élisabeth Amiot, rue du Saint Esprit. Jules Amiot est marchand drapier. Elisabeth Amiot est la tante paternelle du futur écrivain
Les souvenirs très précis de ces moments passés dans cette maison vont lui inspirer le premier chapitre de son oeuvre “A la recherche du temps perdu”
“longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière“
Dans Du côté de chez Swann, la maison de sa tante est baptisée Léonie où Swann passe son enfance. Aujourd’hui, la maison est encore là pour accueillir le petit marcel. Il vient juste de sortir de sa chambre prendre le bon air de Combray. Il ne sait pas encore qu’il va devenir une légende. Puis il se dirige vers la salle à manger, juste en face de la cuisine, où il aime se réfugier pendant des heures pour se plonger dans ses livres.
« Jusqu’à l’heure encore lointaine du déjeuner, personne n’entrerait que la vieille Félicie relativement silencieuse, et où je n’aurais pour compagnons, très respectueux de la lecture, que les assiettes peintes accrochées au mur », écrit-il dans Journées de lecture.
C’est dans cette maison qu’il découvre la fameuse madeleine et il décrit intimement bien les sensations et émotions immédiates que lui procurent la gâteau trempé dans un thé
“Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, je me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi.”
“une madeleine de proust”, une expression devenue célèbre pour désigner un élément qui déclenche la remontée d’un souvenir d’enfance heureux et qui peut entraîner une certaine nostalgie de ces moments perdus. c’est une odeur, un goût, ou la vue d’un objet, ou si vous mangez une madeleine trempée dans du thé.
Flânons, rêvons, imaginons, ressouvenons nous.
“A Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, sans dormir, loin de ma mère et de ma grand’mère, ma chambre à coucher redevenait le point fixe et douloureux de mes préoccupations. On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du dîner, on coiffait ma lampe ; et, à l’instar des premiers architectes et maîtres verriers de l’âge gothique, elle substituait à l’opacité des murs d’impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané. Mais ma tristesse n’en était qu’accrue, parce que rien que le changement d’éclairage détruisait l’habitude que j’avais de ma chambre et grâce à quoi, sauf le supplice du coucher, elle m’était devenue supportable. Maintenant je ne la reconnaissais plus et j’y étais inquiet, comme dans une chambre d’hôtel ou de « chalet » où je fusse arrivé pour la première fois en descendant de chemin de fer.
La maison de tante Léonie est devenue un lieu de « pèlerinage». Elle a été labellisée Musée de France et Maison des illustres en 2019. La Maison offre une introduction à l’œuvre, pour ceux qui ne l’ont pas encore lue.
A Illiers-Combray, vous pouvez déambuler dans les pas de Marcel Proust et ressentir les odeurs des lieux et la vue des objets qu’il affectionnait. Un musée lui est dédié juste à côté de la maison avec des lettres et des photographies, et des effets personnels.Et goutez les très célèbres madeleines de Proust !
Liens
Maison de Tante Léonie (amisdeproust.fr)
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