Billet d’humeur

Voilà le thème de mon billet d’humeur. Depuis une soirée funeste d’avril 2019 où Notre-Dame de Paris a flambé, il a été question de la reconstruire à l’identique tel que les bâtisseurs médiévaux l’avaient conçue et au 19ème siècle améliorée, en donnant une flèche que tout le monde entier a dans son esprit.

Aujourd’hui, la réouverture est prévue le 8 décembre 2024 et nous sommes très proches du terme.

Mais après les belles paroles, les vitraux qui n’ont pas été impactés par l’incendie donc qui se situent quand on rentre dans la cathédrale à droite sur la nef latérale, devraient être déposés et remplacés par d’autres plus modernes.

Ainsi, les anciens seraient remisés à l’Hôtel-Dieu, ancien hôpital devant devenir le musée Notre-Dame de Paris. 

Tout le monde s’accorde pour dire qu’il sera impossible de ré-exposer à l’identique l’ensemble des vitraux en hauteur dans un musée. Donc nous verrons quelques morceaux par-ci par-là et le reste sera mis dans des caves, dans des boîtes que plus personne ne verra.

Tout le monde se pose la question du changement des vitraux qui n’ont pas été attaqués ni détruits encore moins endommagés par des vitraux modernes. 

La commission nationale du patrimoine et de l’architecture a rejeté le 11 juillet 2024 à l’unanimité ce projet de création de vitraux contemporains, une attitude qui est conforme à la signature par la france de la charte de Venise qui précise que si l’on possède toute la documentation nécessaire pour construire l’identique, cette solution est préférable. C’est pourquoi l’on a reconstruit la flèche de Notre-Dame de Paris dessinée par Viollet-Le-Duc en 1859 à l’identique.

Il y a eu dans l’histoire d’autres exemples de remplacement de parties détruites ou des parties qui n’ont jamais été achevées. Marc Chagall a réalisé les vitraux de la cathédrale de Metz puisque les verrières anciennes n’ont pas survécu à la seconde guerre mondiale. A la cathédrale Notre-Dame de la Treille de Lille construite au 19ème siècle, on y a mis une façade contemporaine signée par l’architecte Pierre Louis Carlier en 1999.

Un autre exemple du remplacement des vitraux a été exécuté par Pierre Soulages dans l’église abbatiale Sainte-Foy-de-Conques dans l’Aveyron en début des années 1990. Ils sont aujourd’hui admirés comme des chef-d’œuvres malgré une opposition à l’époque très forte.

Ce n’est pas une contestation de l’art contemporain puisque ce dernier peut rayonner autant que l’art médiéval mais en l’espèce les vitraux avaient été détruits pendant la dernière guerre mondiale.

Un dernier exemple est le remplacement des grisailles de la Cathédrale de Sées au 19ème et vous pourrez suivre notre vidéo prochainement à ce sujet.

Une pétition est actuellement en cours de signature pour essayer de revoir cette position sur les vitraux de Notre Dame de Paris, contre toute attente.

Pour bien comprendre le sujet, ce n’est pas la première polémique autour du décor de Notre-Dame car il y a déjà eu en 1965 une querelle sur les vitraux de Notre Dame de Paris. 

Je vous livre un petit rappel de ce qui s’est passé dans cette querelle ancienne. En 1938, les nouveaux vitraux sont enfin accrochés dans la nef de Notre-Dame de Paris ; à l’époque, on a jugé que les vitraux de Viollet le Duc étaient trop ternes donc il fallait mettre les vitraux au goût du jour et une polémique enflammée s’ensuivit. Mais en 1939, les vitraux ont été déposés, je parle des nouveaux vitraux, et ceux de Viollet-Le-Duc ont repris leur place initiale.

A ce jour, un concours pour de nouveaux vitraux a été lancé en 2023 précisément le 8 décembre 2023. Un an juste jour pour jour avant la réouverture officielle. 

En conclusion, il y a toujours les “pour” les “contre”, hier comme aujourd’hui et sans rentrer dans les querelles, si l’on a décidé un jour de reconstruire Notre-Dame de Paris à l’identique, allons jusqu’au bout de cette décision.

Et certainement, il y a aussi beaucoup d’endroits, des petites chapelles du 12ème siècle, des églises à droite à gauche dans la France qui aimeraient bien recevoir des vitraux contemporains puisqu’il n’y a plus de vitraux du tout.