Le 14 septembre 1822, Champollion le Jeune résout le problème des hiéroglyphes pour l’histoire de l’humanité
n drôle d’élève…ce Jean-François, un drôle de type, Champollion ! Toujours plongé dans ses bouquins ! Et quels bouquins !
Hé ! Champollion ! à toi, la balle ! Trop tard ! La balle, lancée d’une main sûre, atteint le livre que tient Champollion, qui, surpris, le laisse choir en maugréant. Bien fait ! ça t’apprendra à être au jeu, imbécile ! Nous sommes dans la cour de récréation du lycée de Grenoble. La scène se reproduit souvent.
L’élève Champollion n’est pas bien vu de ses camarades, qui se moquent de sa studieuse application à des « choses » qu’ils ne comprennent pas. Et encore moins auprès de ses professeurs, que son goût pour des langues mystérieuses déroute et agace. Il vit très mal ses années de lycée préférant vers sa 16ème année écrire un Mémoire, une explication de la Bible fondée sur des étymologies hébraïques
Alors, adieu lycée…. Jean-François naquit à Figeac, le 22 décembre 1790. Quand il atteignit ses 7 ans, il fut confié à un moine de l’abbaye supprimée de Figeac, Dom Calmet, que ses parents avaient, par charité, recueilli à leur foyer. Le bon religieux lui fournit les premiers rudiments et ne tarda pas à s’apercevoir qu’il était « un genre de génie ».
A 13 ans, l’enfant savait tout ce qu’il pouvait lui apprendre, et il valait mieux. Pendant ce temps, on frère aîné, Jacques-Joseph, avait quitté Figeac pour Grenoble, où il avait poursuivi ses études et s’était déjà, à 20 ans, fait remarquer par ses travaux. Jacques-Joseph le fit venir auprès de lui, le prépara aux examens du concours universitaire.
Ce qu’il brûle d’apprendre !
En 1807, on emmène Jean-François à Paris. C’est toujours Jacques-Joseph Champollion-Figeac qui veille sur lui. Paris ne l’enchante pas. Il se confine dans ses bouquins et s’isole. Il voit peu de monde. Son grand ami est M. Audran, un maître qui le tient en particulière estime. Et la correspondance entre les deux frères continue, presque aussi fréquente qu’à Grenoble. A 32 ans, il sera encore dans sa petite chambre de la rue Mazarine.
Les lettres de Champollion le Jeune ne sont pas banales; “Fais-moi passer la grammaire chinoise ; cela me distraira un peu, j’en ai bien besoin. Je sais ma grammaire persane sur le bout du doigt…”
“L’étude du zend et du pchéléri me procure d’heureux moments. J’ai la satisfaction de pouvoir lire des choses que personne ne connaît, pas même de nom…” “Je suis le cours syriaque, hébreu et chaldéen au Collège de France. J’ai déjà gagné les bonnes grâces de M. Audran, notre professeur.” “Comme c’est moi qui suis le plus fort, je fais la leçon lorsque M. Audran ne peut pas…” “M. Audran me témoigne beaucoup d’amitié. Le but de notre travail est la confection de la grammaire syriaque qu’il a entrepris de faire.”
“Je ne rêve que copte et égyptien. J’ai fait : 1° une grammaire thébaine sahidique, la seule qui existe ; 2° une memphitique ; 3° la concordance des deux dialectes ; 4° j’ai transcrit la grammaire sahidique en arabe, d’un manuscrit copte ; 5° j’ai copié des textes ; 6° j’ai fait la lettre A d’un dictionnaire sahidique ; il n’en existe pas ; 7″ j’ai parachevé sept lettres d’un dictionnaire memphitique par racines…”
Un brin d’histoire va faire basculer notre génie de Champollion. Et un grand merci à Napoléon qui envoya tous les savants au Caire qui revinrent porteurs d’une masse de documents qui fera merveille à une Europe ébahie devant une civilisation grandiose, mystérieuse et muette du fait de l’impasse complète de l’interprétation de ces hiéroglyphes.
Et découvrirent à Rosette sur le bras gauche du delta du Nil, un fragment en granit noir d’une stèle ptolémaïque remontant au 2° siècle avant J.C, portant trois versions d’un même texte. L’un en grec, le deuxième en démotique et le dernier en hiéroglyphes.
On pensa donc qu’une fois en France le déchiffrement pourrait être fait par les spécialistes de l’Ecole des Langues orientales. Tous les savants étaient en alerte. Mais notre petit génie cogitait dans son coin. Pourtant dans Paris, et dans les sociétés de savants, couraient un bruit. Vous y croyez, vous, à cette pierre de Rosette ? Vous plaisantez ! Encore une farce de savants ! Il paraît pourtant que ce Champollion a parfaitement déchiffré l’écriture égyptienne… Pensez-vous ! On peut bien nous raconter tout ce qu’on veut… Evidemment, nous ne pouvons pas contrôler…
Cependant, non, non, croyez-moi ! tout cela n’est pas sérieux… La preuve, tenez ! c’est que l’Académie de France ne s’est pas gênée pour repousser la candidature de ce jeune présomptueux…
Non mais, voyez-vous ce blanc-bec de 32 ans siégeant parmi les membres vénérables de cette illustre compagnie ! N’empêche que le roi Louis XVIII lui a fait présent d’une boîte en or enrichie de son chiffre en diamants ! La belle affaire !… Et c’est nous qui payons ! Quelle époque !…
C’est ainsi que la découverte sensationnelle de Champollion ne rencontre d’abord qu’incrédulité, scepticisme et ironie. L’Académie de France refuse à Champollion le droit de siéger parmi ses membres. Elle ne le lui accordera que bien plus tard, le 7 mai 1830, deux ans avant sa mort.
Mais quel est ce charabia de langage ? La plus ancienne langue du monde connue est la langue de l’Eglise chrétienne d’Egypte sous le nom de « copte », et d’origine grecque. C’est une langue figurative, représentant les hommes, les animaux, les plantes, les objets, etc…
Tous ces signes étaient phonétiques et servaient à déterminer le sens verbal et se plaçaient à la fin de chaque mot. Cette écriture est dite hiéroglyphique. Par la suite, les scribes ont transformé cette écriture en écriture hiératique, par simplification des figures. Au fil du temps, tellement simplifiée qu’elle devient démotique, c’est-à-dire très populaire
Le christianisme utilisa la langue copte et écrasa toutes les autres écritures graphiques. Les hiéroglyphes furent ainsi condamnés et disparurent pendant 1500 ans
Le système hiéroglyphique se résume ainsi : « C’est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique dans un même texte, une même phrase, voire presque dans le même mot. »
Champollion démontre que cette écriture comporte trois sortes de signes. Les premiers sont des idéogrammes, ou signes-images ; les deuxièmes, des phonogrammes, ou signes-sons ; et les troisièmes des déterminatifs, qui ne se lisent pas, mais permettent de fixer la catégorie des mots qui les précèdent.
Il va pouvoir explorer toutes les dimensions de cette écriture qui omet les voyelles, ne sépare ni les mots ni les phrases, mais compte des masculins et des féminins, des singuliers et des pluriels, des pronoms, des suffixes, des adjectifs qui s’accordent en genre et en nombre.
Quel génie ! ça tombe du ciel !
Et Jean François Champollion n’a pas posé, encore, un doigt de pied en Egypte !
C’est à cette époque que Jean-François adopte le surnom de saghir, qui signifie, en langue arabe, le cadet, le puîné. Il se donne ce surnom par déférence affectueuse envers l’aîné, qui, de plus en plus, étend à Grenoble sa réputation de savant et dont il est à la fois le disciple et le fils spirituel. C’est un peu comme s’il signait : ton petit. La postérité adoptera ce touchant rappel du grand frère et nommera le découvreur des hiéroglyphes : Champollion le Jeune.
En témoignage de sa gratitude et de son affection, Jean-François allait offrir à son aîné une réussite totale, magnifique et vertigineuse !https://letourismerevisite.fr/go/ftvdledc
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Liens externes
Musée Champollion – Les Ecritures du Monde | Office de Tourisme de FIGEAC (tourisme-figeac.com)
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